Virgule d’espace – La traversée
Virgule d’espace – La traversée

Virgule d’espace – La traversée

 Texte de  Jean-Paul  GAVARD-PERRET sur les œuvres de l’ artiste Odile ESCOLIER

I.
Murailles d’indices – le non dit
Murailles d’indicibles – en exil
La terre – ses filons d’absence
La terre – ses veines vers l’attente.
Au cœur de la nuit elles veillent sur nous
De leurs traits enfiévrés
Mais qui sont les errants ?

Dans le silence strié de magma
Reflets de l’insaisissable
Souffles immenses, cris empierrés.
Ogives aux creux d’attente.
Volupté inquiète – offrande
Venue d’où ? Allant où ?

Entre terres et ciel plein le plomb du monde
La charnière des vents immobiles.
Me voilà voyageur
Je grimpe après mes paumes
Midi chaque jour retombe sur le sol
En écoutant vieillir la poussière et le rose
Me voilà voyageur

(J’écoute au loin le bruit fondu du vent qui hurle à la nuit)

II.
Empruntant les chemins hantés des épreuves.
Il y a un cercle où l’aubépine – hors champ – ne cesse de croître :
D’or se corsage l’effort
Et de sa richesse rallume ses raccords

Que faut-il voir sinon la source du langage ?
Je retiens la marche
Pour inventer le silence
Pour dire ce que les mots ne font pas.

Le temps m’a jeté sa montre au milieu du thorax
Chaque ligne revit le mouvement des premiers pas
Au coeur de la lande, par delà les bois
où se risque peut-être une autre douceur.

Silhouette à renaître en amonts de toutes les répétitions
De tous les recommencements.
C’est pourtant comme l’ inconnu
Auquel on serait à la fois asservi mais qui délivre.
C’est.

Dans cette plaine
Je foule les pierriers de la mémoire.
Ne reste avec moi que des blés assoupis dans la sieste d’été.

Mais promu par le sang de ta transhumance
Je me sais fraternel
Le front buté contre le temps d’un visage endormi dans le vent.

Le corps fendu d’espoir peut-être
Peut-être pas.

Reste la victoire du geste et de la prise :
Contre l’infini dérisoire fuse sa route verticale
Lieux de cruel hymen.
Effigies sacrées de la solitude.
Le masque du désir se fend d’une longue fracture.